Aphorismes d'un gandin
MANIFESTE
1° L'élégance n'a pas besoin de règles, seulement de goût.
2° Le goût de l’apparence, de l'agencement, de l'ordre, ainsi que de l'harmonie ne déterminent pas seulement la qualité d'une tenue ; ils annoncent déjà une certaine personnalité, un esprit subtil et une puissante aura sociale.
3° Est-il encore superficiel celui qui s’affirme tel ?
4° Pour l'homme élégant, une promenade dans la rue compte autant qu'une visite. Il n'y a pas de moments pour le bon goût.
5° L'élégance ne saurait être facultative ; elle est nécessaire, elle est ce qui est dû.
6° Il n'y a pas de lieu pour être élégant. Tout établissement, toute cérémonie qui réclame un “dress code” est aux antipodes de l'élégance.
7° Se glorifier de porter pour un jour exceptionnel une riche tenue, sortant de l'ordinaire, c'est reconnaître la pauvreté de l'image sociale véhiculée le reste du temps.
8° Par définition, l'élégance est a-topique, sans lieu. Elle ne s'impose nulle part, puisque l'associer à un lieu, c'est déjà sortir de l'élégance. Elle n'a pas de lieu spécifique, puisqu'elle doit être partout. Et par extension étymologique, si elle est a-topique, si elle est sans lieu, elle est aussi absurde (atopos). Or, c'est bien chose reconnue, le dandy est absurde aux yeux de la société, et ne sert en effet à rien.
9° Beauté sans normes : défilés de mode. Elégance sans goût : uniformes scolaires.
10° Si le dandysme n'était qu'une question de tissus et d'argent, tous les bourgeois pourraient être dandys.
11° Celui qui se contente de vivre au niveau du réel, au pur niveau des choses, sera toujours vulgaire.
12° Nous considérons trop souvent l'élégance comme un luxe.
13° Que ne devons-nous pas comme marques d'attention et de sollicitude à autrui, dans notre langage, dans nos manières ?
14° Ainsi, l'homme de goût, en juste arbitre de l'élégance, ne doit jamais oublier de complimenter ceux qui se hissent incontestablement sur la voie du bon goût.